Ma Princesse,
Depuis 12 années, 12 longues années, tu nous as quittés ta maman, ton frère et moi. Depuis cette «insupportable» date, des images me hantent. Celle où nous te regardons quitter la maison pour la dernière fois mais nous ne le savions pas.
Mon cœur saigne tous les jours de ton absence et quand il ne saigne pas, la douleur suinte en permanence.
Je renferme une souffrance terrible, indescriptible que je dois malgré tout supporter. L’être humain est ainsi fait qu’il «encaisse» malgré lui les pires choses.
Cette souffrance s’accompagne d’une colère, d’une rage, d’une envie de hurler et parfois même de tout casser car ce qui nous entoure est tellement futile. Assassin de la route, ne croise plus jamais mon chemin !
Comme tous parents ayant été amputés de ce qu’il a de plus cher au monde, j’aimerai crier autour de moi qu’il ne faut pas ignorer ce handicap. Bien sûr, il est plus facile de tourner la tête, de ne rien voir, de changer de trottoir, mais surtout de ne rien vouloir voir : «ne venez pas nous casser l’ambiance avec votre malheur», «il faut faire votre deuil», «la vie continue». Ceci vaut également pour les décideurs évidemment.
Ma réponse à tout ceci est : mais arrêtez d’être cons ! De faire de la psychologie de comptoir !
Et, enfin, la vie ne continue pas, elle s’est arrêtée pour moi, pour nous, le 18 juin 2005. Maintenant les biens pensants, les psychologues à la petite semaine, même diplômés, je vous attends, venez avec moi parler de Mélodie mais si vous le faites, ne regardez pas ailleurs, regardez-moi dans les yeux. Il est certain que vous verrez des larmes couler; elles vous effrayent et vous dérangent ces larmes que je verse pour ma petite qu’un fêtard inconscient m’a enlevée. Pour une fois que quelqu’un oserait les regarder, quelqu’un qui ne soit pas la maman de Mélodie. Ces larmes qui coulent souvent la nuit, en silence. Il est terrible, effrayant de se réveiller les yeux humides, de ne pas se souvenir du cauchemar qui a provoqué ces sanglots mais de le supposer.
Ma Princesse Mélodie, ton absence est une torture de tous les jours, tes rires, tes bruits de pas, la tornade et le rayon de soleil que tu es, me manquent, nous manquent.
Que serait notre vie maintenant, tous les jours, à chaque instant, à chaque battement de cœur, cette interrogation me hante.
Ma petite chérie, je survis maintenant pour et grâce à ton frère et à ta maman. Le ressort de la vie est cassé, les vrais projets n’existent plus et il ne m’intéresse plus d’en avoir, pour qui, pour quoi ?
Je veux à nouveau, comme dans mes souvenirs, t’entendre rire, parler, crier, te serrer dans mes bras et t’embrasser mais tout ceci est impossible maintenant et cette vie que l’on m’impose : c’est l’enfer !
Pour ne pas être complètement exclus de la société d’hypocrite et de merde dans laquelle nous vivons, il nous faut faire semblant et c’est souvent difficile de prendre sur soit, de cacher cette envie de hurler, de pleurer !
Pourquoi doit-on souffrir autant ???
Papa qui t’aime tant.