Ma chérie,  mon Amour, ma poupinette adorée,
Comment donner une sens à sa vie? Chacun son chemin,mon instinct m’avait guidé vers la construction d’une vie de famille, hé bon sang comme elle a été merveilleuse cette vie, 25 ans de bonheur ! Bien peu de nuages dans cet océan d’Amour, de la gaieté, beaucoup, de l’humour, toujours, vous m’avez tant fait sourire et rire ton grand frère et toi ma chérie. Je ne sublime rien, tout ceci est juste, et si juste hélas,  que j’ai cru que ça ne pouvait jamais s’arrêter, c’était sans compter sur la rencontre entre toi, ma princesse, ma petite fille, et le …rien, mais ce rien possédait un pouvoir que tout imbécile aujourd’hui peut posséder ,l’arme absolue, le crime parfait pour celui qui le souhaite : une voiture.
La conséquence de ton assassinat,  une évidence, notre destruction.
Alors oui, nous continueront  de dénoncer les crimes de la route, tant que nous en auront la force .Mais cette souffrance, cette lourde charge de douleur sur nos épaules .
Je mets en illustration ce petit mot de toi, ma petite fille, si un abruti ne t’avait pris la vie, il est probable qu’à ton tour, tu aurais reçu un tendre écrit semblable.
Je t’aime à l’infini ma chérie.

Condamnée au silence…
Parce que si je mettais en écriture mes sentiments, les gens penseraient sans doute : « mon dieu, une souffrance comme celle-là, mieux vaut en finir tout de suite ! »
Seulement voilà, ce n’est pas possible, alors, je me tais un minimum, et j’erre dans cette vie sans but personnel.
J’ai longtemps réfléchi à ceci : Je suis convaincue désormais que nous ne sommes pas égaux devant la souffrance de la perte.
Convaincue aussi que nous n’avons pas tous la même capacité à résister face à l’adversité. C’est d’ailleurs ce que les « autres » confondent, la capacité à tenir debout ne signifie pas qu’on « s’en sort bien », c’est même l’inverse.
Au fil du temps, on trouve des parades naturelles, comme, éviter de penser, sauf que, parfois, lorsqu’un flash nous rappelle que le cauchemar est réel, c’est terrible, et on se demande nous-mêmes comment on fait pour survivre à « ça », et s’enchaine alors la colère contre le responsable, et les responsables.
Comment dire que tu manques à ma vie ma chérie, vu que ce mot « manque » est tellement insignifiant. Je l’ai déjà écrit, tout est souffrance, des détails infimes pour les autres prennent une dimension insupportable. Entrer par exemple dans une boutique et voir les mères accompagnées de leurs filles, un supplice, je regarde ailleurs, mais ça ne change rien au tourment. Cette scène me rappelle tellement nous deux ma chérie.

Je t’aime à l’infini, ma petite fille,

Maman